Mégane,

Jeune bretonne de 21 ans, l'âge de ma petite sœur et qui a déjà pourtant compris tellement de choses.

Une jeune femme qui s’accepte comme elle accepte sa vie, ses origines, son humble enfance, son physique, sans complexe. 

Une personne nourrie du lien tissé avec chaque personne qu'elle rencontre et à qui elle donne toute son attention et sa bienveillance. « Holà signora, que tal ? », « Holà chics, como estas ? », « Holà, como estan ? » … 

« Qué te vay a bien »

Elle voyage maintenant depuis cinq mois en alternant visites, volontariats, vente de gâteaux, randonnées, soirées de partage… Elle parle désormais parfaitement espagnole, ce qui lui permet de s’imprégner au maximum de la culture locale et de la transmettre à ceux qui ne peuvent pas encore la comprendre. Comme nous.

Nous nous sommes rencontrés à l’auberge El Tambo d'où j’écris ces quelques lignes. Elle a tout de suite compris que nous étions français et que nous ne parlions pas espagnol : on débarquait ! Nous commencions à peine notre voyage et notre expérience péruvienne. 

L’arrivée à Huaraz fût en effet un vrai choc. Les rues sont sales, peuplées de chiens errants, bruyantes de klaxons et autres musiques de glaciers « 🎶 hiiihihihihihiii – hé oh un sol !🎵 », le souffle difficile à ouvrir à 3200m d’altitude. Julien a eu du mal les trois premiers soirs, sa tête lui imposait de rester allongé sans manger. L’arrivée à l’auberge, avec beaucoup de personnes différentes, des lieux à partager, un lit une place pour deux dans une chambre de trois ; le brésilien ultra sociable et l'espagnol égocentré qui aime être « by myself »

dans une chambre de plusieurs… . Sortis de notre petit confort à la française, les deux premières semaines furent déroutantes.

Mégane nous a immédiatement accompagnés dans cette transition et n'a pas hésité à nous transmettre tout ce qu'elle avait appris. 

« Le péruvien est fier. Il ne te dira jamais qu’il ne sait pas. Il préfère te raconter un mensonge qui te mènera au mauvais endroit plutôt que t’avouer qu’il ne connaît pas le lieu que tu lui demandes. » Nous ne tarderons d'ailleurs pas à vérifier cela quelques minutes plus tard sur le marché lorsque nous chercherons la tienda indiquée par Niño.

Pour les péruviens (inka), les pierres sont sacrées. Ils placent tous leurs pierres sur la fenêtre les nuits de pleine lune pour qu'elles puissent se purifier et se recharger de toute leur énergie. En 2018, le nouvel an inka était en juin. La nuit de la première lune de l’année est la nuit à ne pas manquer, la plus forte en énergie. Les péruviens font la fête pendant trois jours qui sont fériés. Tout coûte plus cher.

Le Pérou regorge de fruits merveilleusement bon. Mégane se fait un plaisir de nous les faire découvrir au le mercado popular. Les paltas, les maracuyas, les fruits du cactus sont délicieusement mûrs et bons. Le matin, platanas et maracuyas sont envoyés dans le blinder de la cocina de l’auberge pour savourer un délicieux smoothie frais.

Végétarienne, elle a concocté une recette de soupe de lentilles vertes (ici très grosses) inspirée de celles des mamitas péruviennes qu'elle à rencontrées. Faire revenir des oignons et de l’ail dans une « olla » (casserole, pas sûre du mot), agrémenter de curcuma. Y ajouter les lentilles et couvrir d'eau. Ajouter toujours de l'eau lorsque les lentilles ont tout bu jusqu’à obtenir une bonne consistance de soupe. Rajouter les tomates coupées en dés et les morceaux de yuca cuits à part à l’eau en fin de cuisson. Servir en jetant généreusement de la coriandre fraîche et des dés de fromage frais. Savourer.

Technique intelligente pour couper l’oignon : ne pas enlever le ‘cul poilu’ de l’oignon en le coupant, comme pour le poireau – très efficace pour le couper rapidement en petits morceaux (je pense à ce moment à la technique de ma Juju pour les poireaux et la transmet à Mégane).

Après quelques jours d’acclimatation autour de Huaraz (laguna wilcacocha, ruines au dessus de la ville, laguna 69 que je n’ai jamais vu à cause de mon indigestion des pâtes au pesto de la veille), nous voilà prêts pour le trek du Santa Cruz, accompagnés de Mégane, Léa, Nico et Max (trois étudiants en école d'ingé en voyage d’étude pour quelques mois). Mon premier trek. Le trek ‘test'. Test des équipements (surtout par rapport à la température des nuits en altitude), test de notre corps sur plusieurs jours de marche avec gros sacs (4 jours pour commencer), test des sentiers locaux, test des denrées alimentaires. Test, de mon goût pour le trekking.

Verdict : j’adore !

La marche en haute montagne, en pleine nature, chargés comme des mules mais du coup complètement autonomes, complètement libres, a quelque chose de magique. Pas un jour nous avons dû sortir notre porte monnaie. Aucune contrainte, sinon celle de se concentrer sur le pas suivant et d’admirer la vue tout en respirant l'air pur qui se présente à nous. Seuls dans l’effort, seuls dans nos corps, avec nos douleurs, seuls dans la nature. Seuls et libres. Chacun avec ses difficultés, avec son mental, dans l’instant présent. 

Rien d’autre ne compte que l’instant présent (et l’arrivée au camp du soir ! ;p ) J’adore !

Pour Mégane, Léa, Nicolas et Maximilien, c'en est assez pour Huaraz. Ils partent dès le lendemain pour Lima. Pour nous en revanche, ce trek test nous a permis de nous entraîner pour le trek de la cordillère Huayhuash. Nous envisageons la version alpine si le col à 5000m n’est pas trop enneigé et glacé. 6 jours, 5 nuits. Une de plus si nécessaire, nous verrons. Demain, nous partons avec Jérôme et Sabrina. Une nouvelle aventure humaine, physique et naturelle, comme on aime.

Merci Mégane pour le partage de ton expérience, pour ton sourire et ta bonne humeur permanents, même lorsque tu étais un peu à la traîne lors du trek. Toujours souriante et contente de vivre cet instant, en te respectant et en respectant sincèrement les autres quels qu’ils soient, sans jugement. 

Tu es une belle personne, qué buona onda !


Phi - 08/07/2018