Le cratère de ce volcan actif culmine à 5822m et se situe à seulement 17km de la Plaza de Armas de la ville d'Arequipa, dans la Reserva Nacional de Salinas y Aguada Blanca. Véritable symbole de la ville, il est considéré comme le quatrième volcan le plus dangereux du monde (le premier étant le Aucklan Field en Nouvelle-Zélande) ; s'il entrait en éruption, il serait susceptible de toucher un million de personnes.  


Avec sa forme conique quasi parfaite, il domine la ville de plus de 3500m. Il est là, robuste, seul, on le voit de partout, il en impose. Dès notre arrivée en bus à Arequipa à 6h du mat', il nous fait de l'œil, il faut qu'on aille en haut !  


Le Misti vu de notre auberge


Ascension du Misti par la face sud

La face sud donne du côté d'Arequipa, il y a donc moins de transport pour y aller, c’est moins cher, nous choisissons cette option.


Après un rapide tour des agences proposant l'ascension avec guide entre 230 et 250s par personne, nous avons suffisamment d’infos sur les conditions actuelles, nous optons pour la faire en autonomie.  


J1 : Arequipa - campamento (accès au départ : 15km de route et 6.5 de 4x4 soit 1h, puis 4km à pied et +1000m en 4h)

Après une petite heure de secousses en 4x4 que nous partageons avec deux argentins, une chilienne et leur guide (S/200 AR pour 2), nous arrivons au bout de la piste, l'ascension commence. 

Nous sommes à ses pieds mais son sommet nous parait encore bien loin. Il fait soleil, pas un brin de vent, nous sommes ravis. Le sentier est clair, pas de difficulté particulière si ce n'est le poids des sacs. Nous ne partons que pour une nuit/deux jours mais nous devons porter toute l'eau (boisson et repas soit 10L) ; sur un volcan, il n'y a pas de rivière !


Les deux premières heures se passent tranquillement, nous sommes les premiers, devant nos « coloc' de 4x4 ». Un autre groupe de cinq australiens et leurs deux guides sont également partis quelques minutes après nous. 


Puis, Julien commence à ralentir. Une vilaine bactérie s'est invitée dans son ventre et l'oblige à faire plusieurs pauses techniques rapprochées. Nos colocs passent rapidement devant. Il a de plus en plus de mal à avancer, son sac lui parait lourd, il est pâle. Je lui prends un litre d'eau (sur les 6 et 1/2 qu'il porte) pour l'aider un peu mais ses pas se font de plus en plus petits, à cet instant il avance pas à pas au mental.


Il nous reste une petite heure de marche, la pente est raide, entre blocs de roche à grimper et sable fin glissant, les pas ne sont pas aisés. Je lui prends la grosse bouteille de 2.5 litres pour le soulager un peu plus, mon sac est lourd ! 


Nous apercevons une croix, ça y est, nous sommes au camp ! Pour moi, la dernière heure est finalement passée vite. Les australiens sont toujours derrière, ils arrivent une bonne demi-heure après nous malgré notre allure de tortue. 


La vue sur la ville est magnifique, il est 15h, ce qui nous laisse le temps de monter la tente et d'observer le soleil descendre lentement vers ligne d'horizon. Il sublime le massif volcanique du Pichu-Pichu (5669m) de par sa lumière aux couleurs chaudes. Toujours pas un brin de vent, nous sommes chanceux ! Mme la bactérie continue de faire la fête dans le ventre de Julien, elle aura raison de lui ce soir, il se couche à 15h30.  

Les colocs partent cette nuit à 1h comme indiqué par leur guide, cela nous parait bien tôt. En partant à 3h30, nous pensons être en haut à 7h, suffisamment tôt pour observer le lever de soleil pendant l'ascension mais sans trop se geler en haut. Nous pensons que la journée du lendemain ne sera pas trop difficile, même dénivelé que la première (environ 1000m), certes plus haut mais sans poids dans les sacs. Nous mettons le réveil à 3h.


J2 : Campamento - Misti - Parking ( 10.4km, +1200/-2200, 5h de montée, 3h de descente)

J'ai eu du mal à m'endormir hier soir. L'article de Cyril Dion, "les ministres nont pas de pouvoirs magiques " paru dans le Monde m'occupait l'esprit, je me voyais contacter Cyril, le convaincre de créer un mouvement politique (comme si j’y arriverais mieux que les autres) et m'engager à le soutenir par tous mes moyens, il faut faire quelque chose, le système doit changer ! De belles idées (utopiques?) qui animaient bien mon mental, mêlées à l'altitude (nous dormons à 4500m), mon cœur battait la chamade, j'ai beau avoir fait des respirations praniques, rien n'y a fait, je n'ai rien dormi.


A 23h, je m'assoupis, Julien se lève (toujours sa bactérie), il n'est pas bien du tout. Il appréhende la journée du lendemain et craint que sa fièvre ne baisse pas. Il se sent tout pâle.


Minuit et demi, les deux groupes sont réveillés et nous le font clairement savoir ! Le respect du sommeil des autres est une vertu que les sud-américains ne semblent décidemment pas connaitre ! Nous décidons finalement de nous lever à 2h puisque nous sommes réveillés (et ne le cachons pas, pas très rassurés d'être les seuls à partir si tard) ! Le deuxième groupe est parti depuis une demie-heure. Julien va mieux, quand même un mal de tête, il finit par prendre du paracétamol. Nous nous habillons chaudement, avalons nos muffins, une banane et hop, à 2h30 nous voilà partis pour la seconde journée de marche !


A la frontale, le sentier n’est pas facile à repérer. Les guides du groupe australien ont laissé une lumière dans l’une des tentes qui nous permet de visualiser le camp dans la nuit. Le point lumineux devient de plus en plus petit et la vue sur les lumières d’Arequipa de plus en plus belle.


Le réveil sonne, il est 3h ! Nous marchons depuis une demie-heure, nos mains et nos pieds commencent à se refroidir. Nous supportons manches longues, polaire, doudoune, veste, il fait moins de 0°C c’est sûr ! 


La pente est raide, certaines parties accidentées, les premières heures sont longues.


Vers 5h. Nous apercevons la lumière du soleil, l'aube pointe le bout de son nez. Cela nous redonne un petit coup d'énergie, le spectacle des Lumières commence !

La lumière du soleil se mélange peu à peu aux éclairages publics de la ville endormie tandis que nous continuons de prendre de la hauteur. Le ciel est complètement dégagé, pur. L'ombre du Misti, conique, d'un gris profond se dresse comme si elle recouvrait l'horizon, à côté de la ville orangée, c'est magique, mistique ! 

Portés par ces images que nous garderons longtemps dans nos têtes, nous rattrapons les australiens, puis nos colocs, leur guide nous félicite pour la rapidité de notre marche. Nous arrivons quasiment au col du Misti.

Nous sommes les premiers. A gauche la croix indiquant le sommet du Misti, il reste une centaine de mètres de dénivelé en pente raide. A droite, le sommet du cratère. Nous ne sommes pas sûrs que la croix soit le sommet officiel (ou nous voulons pas le croire). Nous choisissons à droite, pour se rapprocher au plus du cratère.

L’arrivée en haut est magique. Des fumeroles s’échappent du fond du cratère dégageant une odeur nauséabonde de souffre, c’est impressionnant ! Le volcan domine tout ce qui est autour, la vue est époustouflante. C’est la chose la plus impressionnante qu’il m'ait été donné de voir jusqu'à présent. 


A 5700m, malgré le soleil et l’absence de vent, il fait froid. Nos mains et nos pieds sont gelés et le souffle est court. On ne reste pas très longtemps malgré la vue epoustouflante.


Nous redescendons au col. Nous regardons la croix, les deux groupes sont déjà en route, ils ont pris directement à gauche (à part quelques uns, arrêtés ici, allongés et pâles, ils n’iront pas plus loin).

Plus de doute, la croix est le sommet officiel. Nous pensons aux 2200 m de D- à descendre d’un coup qu’il nous reste à faire (surtout moi qui appréhende beaucoup pour mon genou, j'ai besoin de garder du jus pour la descente), nous sommes bien fatigués par la nuit et la montée. Nous redescendons.

Très vite, nous regrettons un peu, nous ne sommes pas fiers de nous mais la descente, sollicitante pour les muscles et les articulations, nous conforte dans notre choix. La vue est constamment magnifique.

Après une heure de descente, les australiens nous rattrapent par la droite, ils descendent à fond dans un couloir de sable parfait pour absorber les chocs ! On vient de perdre une heure, à galérer dans les blocs de roche, Julien voit rouge ! 

On finit la descente dans le couloir de sable, sensations de glisse intenses, c’est génial ! Julien court et dérape comme un enfant, le ski et le vélo lui manquent ! 


Dans ces conditions de descente, on aurait largement pu monter à la croix, on s’avoue, un peu frustrés, qu’un guide nous aurait permis de faire ce sommet dignement !


Nous arrivons au camp, petit café, rangement de matériel et c’est partie pour la seconde partie de descente. Il est 11h, nous avons rendez-vous à 13h pour le 4x4, ça devrait aller.


Une fois encore la descente est magique ! Couloir de sable volcanique noir parsemé de touffe de végétation vert pomme, on court, on glisse, on savoure la plus belle rando de notre vie ! Les conditions sont parfaites !


On arrive en bas les premiers, à 12h30 avec encore du jus ! Arf ! On aurait dû y monter à cette croix ! Notre chauffeur arrive et nous rentrons tranquillement a notre hotel.

De retour à notre auberge Santa Catalina, nous trinquons au café à notre record d'altitude et à l'anniversaire d'Antoine.


¡Feliz cumpleaños grande amigo!


Infos pratiques : Rodolpho, le gérant de notre auberge Santa Catalina, peut trouver un 4x4 pour 250s (pour 2 personnes) mais conseille de se rapprocher en premier des agences. S'il y a de la place, on peut se greffer à un groupe pour 200s, ce que nous avons fait avec l’agence Quechua. On peut surement trouver moins cher en etant plusieurs a prenre un 4*4 sans guide en le negociant avec les agences.


Prevoir de quoi dormir pour -10 degres, beaucoup d'eau (5L par personne), des gants et chaussettes de ski sont conseilles en plus du materiel de grand froid normal.


Bonus : une petite vidéo du Misti !

                                           

             

Phi - 31 août 2018