« Mi teleferico se une al deseo irrenunciable de todos los bolivianos de volver al mar con soberanía »


Toutes les cabines de la ligne Azul du téléphérique de la Paz contiennent une citation de mobilisation ou de soutien pour que la Bolivie récupère son accès à la mer (ou plutôt océan Pacifique). 

En 1870, anglais et chiliens découvrent des gisements de salpêtre, cuivre et or dans la région bolivienne Atacama. Dix ans plus tard, au terme de deux ans de conflit, les chiliens (avec la bénédiction britannique) écrasent la coalition Pérou-Bolivie.

Depuis, la Bolivie pleure toujours ses 400km de littoral perdus et revendique son accès à la mer jusque devant la Cour internationale de justice de la Haye en 2013 (gouvernement Morales). Le Jour de la mer, le 23 mars, est consacré à cette revendication.


Le projet total ne compte pas moins de 10 lignes, soit 32 km, la plus longue ligne de téléphériques interconnectés au monde. Elles formeront une boucle tout autour du centre et permettront de se rendre de l’extrême nord-ouest à l’extrême sud-est de la région métropolitaine (La Paz, El Alto et Vialta – 2.3 millions d'habitants). Six lignes sont déjà en service.


Outre le fait qu’elle soit la capitale la plus haute du monde (3650m), La Paz se répartit sur 800m de dénivelé. Le téléphérique apparait comme un outil efficace pour décongestionner le centre-ville saturé par l’innombrable quantité de collectivos et micros datant des années 50’ qui y circulent.


Le ticket coûte 3bvs (<0,5€), soit un demi verre de jus d’oranges pressées vendu dans la rue. Il existe un forfait encore plus avantageux qui fait de cet outil un réel moyen de transport en commun pour les locaux. Aux heures de pointe, les cabines sont remplies. 


Le contraste entre les constructions en briques, vétustes, responsables de la couleur orangée des pentes de la Paz et les stations et cabines flambant neuves du téléphérique, d’une modernité digne des plus grandes métropoles européennes, donnent un charme urbain tout à fait irrésistible à la ville. 

Ligne Roja survolant les pentes de La Paz


Quelle idée géniale !


En bons géographes, nous voila embarqués dans les cabines des lignes Azul, Roja et Naranja que nous parcourons entières, aller-retour, excités comme des enfants.

Nous nous asseyons quelques minutes sur le parvis de la estación Jach'a Qhathu 16 de Julio. Nous ne pouvons nous empêcher de transposer cette outil dans notre région, où la pente et les congestions routières sont tout aussi présentes. La Bolivie l'a fait, pourquoi pas nous ?

Voici un virtueux moyen de transport en commun, propre, peu consommateur de foncier, peu bruyant que l'on verrait bien à Sophia (2040 ?), Grasse ou Nice.

Nous imaginons un énorme parking relai à la sortie A8 Antibes, pourquoi pas mutualisé avec le futur centre commercial de Valbonne (compatibilité des horaires d’occupation : semaine pour emploi Sophia et week-end pour les commerces), et desserte de la technopole en téléphérique à des points stratégiques comme la gare routière ou Saint-Philippe. Les stations seraient de véritables points multimodaux où des collectivos ou petits micros électriques, vélos à assistance électrique ou pourquoi pas segway et même autos partagées viendraient prendre le relai pour drainer le flux de travailleurs. 


Cela pourrait aussi permettre de relier les communes du moyen pays comme Saint-Cézaire (une pensée pour le Maire à qui j'ai déjà développé mainte et mainte fois cette thèse !) à Grasse et le centre-ville grassois à la gare SNCF (une pensée ici pour Raphaël et Nathan et nos débats sur le sujet).

Les collines niçoises s’y prêtent également parfaitement.

Un moyen de TC propre, moins coûteux qu’un tram, train, aqueduc, tunnel, moins consommateur d’espace, superposable à l’existant, qui complète l’offre multimodale…


What are we waiting to create THE place To be ?


Nous voilà partis à refaire le monde… En tout cas voici une belle problématique communautaire, voire même inter-communautaire. 

Dans la ligne Roja


La ligne Roja relie le centre-ville de la Paz à El Alto que l'on traverse désormais grâce à la ligne Azul. La ligne est tantôt au dessus des immeubles de plus de sept étages (aucun vis-à-vis), hauteur de la plupart des immeubles du centre parisien et coût bien inférieur aux nouvelles lignes de métro projetées, tantôt au centre d'une grande et large avenue, entre les bâtiments, on imagine aux pieds de celle-ci une belle piste cyclable. Nous survolons même un match de foot, c’est amusant !

Ligne Azul au dessus des immeubles


Ligne Azul au milieu d'une grande avenue


Ligne Azul, loge présidentielle


Nous faisons tout le parcours pour le plaisir des yeux et l’innovation. En cabine, comme à Auron, mais au dessus de la ville… Nous sommes comme deux gamins émerveillés. Un bel outil de développement touristique car nous ne serions jamais allé manger une salteña au fin fond de El Alto sans ce téléphérique ! 

Bout de la ligne Azul, En Alto


Nous revoilà partis dans des débats stratégiques. Où positionner les stations ? Jusqu'aux centres villages du moyen pays pour redynamiser la vie locale et y amener l’excursionniste ? En périphérie pour ne pas créer un éventuel vis-à-vis sur les jardins des habitations individuelles ?

Un beau sujet d’étude à lancer, passionnant !


Phi