"Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles." (Sénéque)


Notre premier souhait en arrivant à la Paz est de se confronter à l’un de ces 6000 que tant de voyageurs ont fait avant nous. Nous portons notre choix sur l’un des plus faciles mais également le plus esthétique : le Huayna Potosí !  


Nous choisissons une agence parmi les nombreuses présentes à La Paz, Altitude, pour un coût de 1100 Bol par personne (c’est philippine qui paye, c’est mon cadeau d’anniversaire :-)


Nous avons choisi une formule de trois jours, elle est financièrement très proche de celle de deux jours et permet de prendre plus de temps sur l’entraînement au glacier. Choix qu’on ne regrettera pas ! 

Nous voici partis dès le lendemain matin.


J1

Un taxi vient nous chercher à l’auberge pour nous mener au refuge "bajo" situé à 4700m d’altitude. Nous nous rendons compte que la région est très minière, la couleur rouge des lacs, magnifique mais marquant la présence d'une forte concentration de métaux lourds en témoigne. C'est joli mais mieux vaut ne pas se baigner dedans...

 

A peine arrivés, nous profitons d’un repas préparé par notre guide (que c’est bon de ne pas s’occuper des repas et de manger autre chose que des nouilles ou des sandwichs au thon !).

Nous partagerons nos refuges avec trois autres cordées : deux brésiliens, deux anglais et un australien, chacune accompagnée d'un guide.

Après avoir fait connaissance et pris des forces, nous nous dirigeons sur le bas du glacier situé non loin afin de s’entraîner un peu pour l’ascension.

On met tout l’équipement et notre guide nous indique comment se comporter en étant encordés et les différentes techniques de progression sur glacier ; "El paso frances", "El paso mixte" y "Normal".  


Jusque là, c’est déjà sympa d’autant que l’environnement est assez joli.  

Une fois ces bases acquises, on va vers une montée plus verticale pour apprendre à monter sur ce genre de terrain grâce à notre piolet.

C’est encore plus sympa, ça nous plaît :)

20 minutes plus tard, nous voici sur une vraie cascade de glace pour s’amuser un peu ! J’en avais déjà un peu fait dans les Hautes Alpes mais c’est une grande première pour Philippine.  


Quel pied ! C’est vraiment ultra cool de pouvoir pratiquer cela à 7000km de chez nous, avec des encouragements lancés en français, portugais, espagnol et anglais ! Bon par contre c’est aussi physique que chez nous, d’autant que notre guide nous a ouvert une voie plus longue et plus en devers que nos collègues ! En plus, on a des piolets moins bons mais bon, les mauvaises langues diront que c’est une excuse ! On arrive finalement tous les deux à monter jusqu’en haut, mais non sans effort et cela nous a bien ouvert l’appétit.  

On revient donc vers le refuge pour prendre un petit maté et quelle n’est pas notre surprise de voir qu’un 4h complet nous attend avec chocolat chaud, pain, dulce de lecche, confiture, etc ! Grand luxe !

Nous n’avons vraiment pas l’habitude de tant de confort, nous en profitons pleinement de même que le repas du soir et du vrai lit qui nous attend ! 


J2

Après une bonne nuit de sommeil, on se reveille avec encore une fois un super petit déjeuner ; Café, chocolat chaud, yaourt, cereales, bananes, papaye, pancakes etc.


Cette journée sera très calme avec une montée au refuge "Alto" situé seulement à 2.2km et 400m au-dessus de nous. La seule chose qui rend l'exercice un peu inconfortable sont les sacs qui pèsent une tonne ! Avec l'equipement d'alpinisme, les vêtements chauds, l'eau, un peu de nourriture, c'est bien simple mon sac n'a jamais été aussi lourd.


Heureusement l'ascension est vite bouclée et nous arrivons vers 11h30 au refuge Alto. Contrairement à la France, on ne compte pas moins de 5 refuges situés à 500m les uns des autres, chacun étant privé. Le notre n'est pas si mal, avec une belle vue sur les environs, et nous profitons encore d'un bon déjeuner après cette courte matinée.

Un panneau présentant les résultats d'une étude faite notamment par l'université de Grenoble nous apprend qu'ici, comme ailleurs, les glaciers sont en recul rapide et risquent d'ici quelques dizaines d'année de disparaitre complètement. Une montagne proche, le Chacaltaye, était d'ailleurs il n'y a pas si longtemps la seule station de ski de Bolivie mais a dû fermer, faute de neige...

On profite de l'après-midi pour lire, se reposer, profiter de la vue des sommets environnants et de la faune locale... avant de se mettre à table à 17h30. En effet, ce soir c'est couché à 18h30 car on se réveille à minuit pour l'ascension !

Cela nous parait quand même tôt mais on écoute notre guide José, qui accompagne les touristes comme nous depuis 5 ans maintenant. Je me rends compte à ce moment-là que j'ai oublié mes lunettes de vue dans le refuge Bajo, la belle affaire !


J3 (8.5km, +1100/-1500, 10h en tout)

Après une courte période de sommeil estimée entre 1 et 2h (ce n'est pas un scoop, on dort mal en montagne, d'autant plus à 5000m...), le réveil nous informe qu'il est temps de se préparer pour l'ascension de notre plus gros sommet ! Malgré le manque de sommeil, la forme et l'excitation sont bien là, et à 1h du matin on affronte les -20°C de l'exterieur, qui passent bien avec tout notre équipement.

La montée à la frontale est magique dans cette ambiance : les lumieres alignées au loin des frontales de nos colocs de refuge, la montagne qui se devine plus qu'elle ne se voit avec la maigre lune, les étoiles par milliers, le froid, tout ceci crée une atmosphère particulière que l'on ne retrouve que dans ces ascensions de haute montagne.


La montée se passe plutôt bien, malgré l'appréhension que l'on en avait après avoir entendu de multiples echos de voyageurs pour qui c'était la chose la plus difficile de leur vie. Il faut dire que l'on est face à un paradoxe avec ce sommet : proposé par toutes les agences de la Paz comme une randonnée accessible, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une ascension de haute montagne qui demande de l'acclimatation, une bonne forme physique et un engagement pour les quelques endroits un peu raides de la course. On verra ainsi de droles d'oiseaux à la redescente, qui arrêteront vers 5700m, et qui n'étaient manifestement pas préparés à ça. Même les brésiliens et anglais qui étaient avec nous, pourtant jeunes, n'iront pas jusqu'en haut.


A certains endroits, le chemin est étroit et très pentu, tandis qu'à un autre il y a un court passage en mixte (rocher, glace) nécessitant de mettre les mains (pas pratique avec piolet et moufles !) - durant ces passages on est contents d'avoir un guide - hormis cela la course est plutôt tranquille et assimilable à de la randonnée glacière.

On arrive donc tranquillement en vue du sommet vers 6h du matin, après 5h de montée. Depuis 15 minutes, les premières lumières de l'aube sont visibles, c'est magnifique ! Nous sommes la troisième cordée à arriver en haut (que des françaises :p !) et heureusement, le froid a raison des deux premières qui ne trainent pas au sommet. Heureusement car la plateforme n'est pas très grande et c'est vite la queue pour prendre les photos.

Après 5min donc, le sommet est pour nous, l'aube fait place à l'aurore et à l'un des plus beaux levers de soleil que nous ayons vue ! La panorama est à couper le souffle, avec vue sur l'Illimani d'un côté, la cordillère Royale de l'autre, et enfin La Paz et le lac Titicaca au loin. On se dit que l'on a vraiment de la chance d'être là.

Après en avavoir pris plein la vue, nous redescendons tranquillement vers le refuge alto.

Je dis tranquillement, mais la fatigue commence cruellement à se faire sentir, et les 1 à 2h de sommeil également. Bien que rapide, la descente me parait très longue et nous sommes soulagés d'arriver au refuge pour profiter d'une bonne soupe chaude. La vue est extraordinaire en descendant.

Le repis n'est que de courte durée puisque 1h après, nous voici repartis avec les gros sacs cette fois-ci vers le refuge Bajo et le taxi qui nous attend.

J'ai le plaisir mêlé de frustration de constater que mes lunettes m'attendent également là où je les avais laissées (à l'exterieur du refuge), mais sans leur boite !


Le trajet du retour est nikel, le taxi nous ramène à notre hôtel à 11h30, et le reste de la journée a consisté en une sieste l'après-midi et couché à 17h30 pour moi pour une nuit de 13h !




JH