Muchas gracias por tu hospitalidad. Sois una verdadera buona persona. Mi casa es tu casa. Hasta pronto bolido !


Une rencontre exceptionnelle. Un jeune homme d'une générosité et d'une humanité incroyables, prêt à partager tout de sa vie et à apprendre tout de celle des autres.


Le couchsurfing est un service social en ligne qui a pour objet de mettre en relation plusieurs personnes pour assurer un service d'hébergement temporaire gratuit. 

Yoel nous a ainsi accueilli sur le canapé de son studio pendant 5 jours. Il travaillait les journées de semaine et nous retrouvait le soir et le weekend. Nous étions comme chez un ami proche.


Il comprend les autres, comme s'il parlait une langue universelle. Il met en confiance en échangeant sur tout, en espagnol, en anglais, en mimant.. Il est prêt à reformuler mainte et mainte fois pour se faire comprendre. Il adore transmettre sa culture vénézuélienne, sa délicieuse cuisine comme les « reina pepiada » (arepas au poulet, sauce avocat curcuma) ou encore la « pisca andina » (bouillon de poulet à la coriandre et œuf poché) et son histoire marquée par un contexte politique et économique compliqué, renforcé par la localisation de sa famille en zone rurale, à la frontière colombienne, sous emprise des farks.


Ses parents ont une ferme dans ce petit village vénézuélien où la papaye devient bien rouge avant d’être cueillie. Il y fait très froid car c’est à 2000m d’altitude. Au petit déjeuner, ils mangent la pisca andina accompagnée d’arepas, ces petits pains sous forme de galettes de maïs épaisses que l'on sépare en deux pour y glisser une garniture. Avec sa soupe, Yoel fourre son arepa de jambon et fromage. Il aime son œuf lorsqu’il est mi-cuit.

La ferme de ses parents ne compte plus que quelques vaches pour le lait, ils ne cultivent que quelques légumes. Seulement pour leur consommation personnelle. Dans le contexte actuel du pays, il est très difficile de vivre de l’agriculture.

En premier, parce que le gouvernement vénézuélien fixe les prix de vente très bas, il est donc très difficile de parvenir à se sortir un salaire.

En second, car la proximité de la Colombie marque une emprise morale des farks dans toute la région. Les farks ne vont pas jusque Caracas, en ville, ou d’autres bourreaux font la loi. Mais dans les campagnes « in the border », si les agriculteurs réussissent à produire suffisamment, ils sont harcelés par les farks, littéralement rackettés. 

La maman de Yoel vivait constamment avec cette peur d’être violentée, pillée. Son papa à donc fini par accepter et abandonner l'activité agricole en tant qu'exploitation et ne conserver qu’une production familiale. Aujourd’hui, sa maman travaille en ville en tant que « nursery » ou similaire et son papa travaille aussi à la ville mais ils ne dégagent pas suffisamment de revenu pour vivre décemment.


Yoel est chef de projet, il manage des équipes pour une compagnie de gestion de déchets de la ville. Il envoie tous les mois une part de son salaire à ses parents, comme sa grande sœur qui a préféré immigrer au Chili pour fuir cet état de crise. Son meilleur ami est quant à lui aux Etats-Unis qu’il ne peut désormais plus quitter sinon définitivement puisqu’il y a demandé l'asile.

Yoel rêve de voyages, de découvertes, de partage. Il part en Europe en juillet. C’est pourquoi il offre une place sur son canapé à tout voyageur sérieux qu'il peut rencontrer. 


A Buenos Aires depuis maintenant plusieurs années, il connaît parfaitement la ville. Il nous la fait découvrir à vélo pour son plus grand plaisir, après nous avoir amenés au marché local (quatre/cinq roulottes tout au plus alignées dans une rue de son quartier résidentiel, seulement le samedi matin, il ne faut pas les louper). Tous les habitants du quartier viennent ravitailler leur frigo. « It's cheaper and more fresh than supermarket, so perfect" dit il. En effet, plus de vingt personnes devant nous à la roulotte charcuterie/fromage. Il nous fera découper un morceau de chaque jambon pour que l'on choisisse notre préféré.


À vélo, la ville prend une autre couleur. Le vent qui caresse nos joues rougies par le soleil nous donne instantanément le sourire aux lèvres et fait pétiller nos yeux. Yoel avait tout prévu pour nous faire passer un moment inoubliable et typique ; jusque l’eau chaude dans son sac à dos pour goûter au maté argentin à l’heure de la sieste, allongés sur l’herbe devant le Rio del Plata qui scintille sous cette belle lumière. 


« I'm not rich » dit-il. 


Yes you are. You have a lot of things, other money but more, more importants.

Muchas gracias por todo Yoel. 


24-06-2018 – Phi