Synthèse :

  • 281Km
  • 16500m de denivelee
  • 15 jours
  • Depart Jiri, arrivée Salleri en prenant les 3 cols
  • Le livre du trek : Le Rouge et le Noir, Stendhal


J0 : l’épreuve du feu

Imaginez. Imaginez une piste de 4*4, mais qui traverse les montagnes pré himalayennes des rivières jusqu'aux cols. Imaginez maintenant prendre cette piste non pas avec un suv audi mais avec un bus de marque Tata qui a sans doute plus de 30 ans, et sur lequel des planches en bois font office d’amortisseur. Imaginez être dans ce bus à la dernière place à l’arrière, dans une rangée d'une largeur confortable pour 3 personnes mais sur laquelle il y en a 6. Imaginez la place pour vos genoux qui touchent le siège de devant quelque soit la position dans laquelle vous êtes. Et maintenant, imaginez un trajet comme ça durant 10 heures. Ça y est, vous y êtes ? Bienvenue à mes côtés dans le bus qui relie Katmandou à Jiri, situé à 190km vers l’est ! Jiri est le village de départ des trekkeurs qui ne veulent pas prendre l’avion jusque Lukla pour faire le trek de l’everest base camp (et autant dire qu’on est pas beaucoup).


Je pensais être habitué aux bus « locaux » avec 5 mois d’Amérique du sud et 1 mois de Népal, mais la j’ai vraiment touché le gros lot, c’est l’épreuve suprême, le mètre étalon du bus ! Alors déjà j’avais pas réservé de ticket (première erreur) et j’ai sagement attendu la ou on m’a dit d’attendre, c’est-à-dire à la sortie de la « gare routière » (ça aussi on en parle ?) de Ratna Park (deuxième erreur), ce qui fait que j’ai eu la meilleure place, celle du fond, celle où il faut éviter les poules, les mecs allongés et les sacs (dont le mien, troisième erreur) pour rentrer ou sortir. De plus le bus que j’ai eu était particulièrement inconfortable, le conducteur particulièrement pressé, et le plafond particulièrement bas.


Tout ça pour dire que le bus est parti à 8h15 de Katmandou et est arrivé à 18h à Jiri, et que j’ai donc passé les 9h45 les plus longues de ma vie. Pourtant ça commençait pas si mal, durant 2h la route n’était pas trop mauvaise et le son de la musique indienne pas trop forte, ce qui fait que j’ai pu regarder 1 épisode et demi de Breaking bad. J’étais détendu, serein, pas sur mes gardes, quand la première bosse est arrivée et a eu comme effet direct sur moi une perte de 2cm, un craquement de mes cervicales et un cri étouffé genre « Mouahhhh ! ». Ça y est, l’épreuve débutait. Une épreuve de 7h. Et 7h, c’est long.


Impossible de songer à lire ou regarder une vidéo, toute l’attention est absorbée par la nécessité de s’accrocher au siège de devant pour éviter de se fracasser le crâne. Une femme s'endort sur mon épaule sur ma gauche (ou plutôt, sa tête reçoit un coup de mon épaule dès qu’elle s’en approche), je me demande comment elle fait. Les pauses sont des benedictions, les reprises nécessitent une préparation mentale. Et il paraît que c’est les suisses qui ont aidé à faire la route, ben chapeau les cousins !


Alors que je pensais rentrer en bus, je réfléchis maintenant à la douce option de l’avion, son CO2, son prix, mais ses 30 MINUTES POUR RELIER Katmandou !!

Enfin bref, j’arrive finalement à Jiri, le dos et les genoux en compote, j'ai l’impression d’avoir couru un marathon, ça va le faire !


J1 : Jiri 1900 – Kinja (27km,+1400,-1700)


Le réveil est douloureux ce matin, mes genoux et mon dos se souviennent encore de l’épreuve du feu ! Du coup c’est grasse mat’ jusque 6h30, je prends le temps de me raser, je perds du temps car le fils de l’aubergiste veut me faire payer 100 Rp de plus, et c’est parti ! Le temps est bleu, ça commence pas mal, je pense partir pour une petite journée pour commencer en douceur et me remettre des jours précédents.

Ce Trek débute par des montagnes russes et je sens mes jambes, mes bras, tout mon corps un peu rouillé par ces 8 jours à se reposer. Le début est un peu laborieux, je monte jusque Kuthame, redescends à Shivalaya ou je prends mon déjeuner alors qu’il n’est que 10h30, en prévision des 900m de montée jusque Deurali.

Après avoir mangé, ça va plutôt mieux et mon organisme se réhabitue doucement au poids du sac et au trekking en général. Je suis assez content de mes nouvelles chaussures, des Tnf Hedhehog mid achetées à Katmandou 2 jours avant et qui sont bien plus confortables que mes anciennes.

La montée se passe bien et je descends vers Bhandar ou j’arrive vers 14h30, un peu tôt pour s’arrêter ! Je continue donc et je rencontre Remesh, un indien qui trekke en direction du Makalu Base camp et qui a déjà fait le 3 Pass Trek quelques années plus tôt. On fait ainsi un petit bout de chemin ensemble mais je le laisse derrière 1h après. Le ciel devient noir, la pluie commence à tomber, je m’équipe en conséquence, mais le temps de le faire il ne pleut plus. La descente est assez longue, on passe de 2750m à 1600. Nous nous rejoignons avec Remesh le soir à Kinja, mon étape pour la nuit, après avoir marché quelques 27km et fait pas mal de dénivelés ! Je sens mes jambes un peu lourdes, c’était plus que prévu.

La soirée est agréable avec Remesh, originaire de Mumbai, très cultivé et souriant, qui m’apprend beaucoup sur la culture indo-nepalaise, l’hindouisme et le bouddhisme, la nourriture, etc. Une super rencontre pour ce premier jour !

J2 : Kinja – Junbesi (17km, +2000, -850)


Le réveil est assez compliqué ce matin, alors qu’une dure matinée m’attend. Il s’agit de monter jusqu’au col de Lamjura La, soit une montée de 10km et 2000m de dénivelée.

Cette matinée sera donc assez dure physiquement et moralement, les jambes ne sont pas vraiment la et mon sac me paraît lourd, alors que la montée est très pentue mais surtout interminable. Mes pensées s’égarent vers Katmandou et le confort d’un restaurant et d’une chambre, et ne sont pas vraiment occupées par la vue inexistante à cause du brouillard et des nuages.

Je traverse les villages de Chhimbu et Sete, et je m’arrête à Dakchu pour une pause-thé bien méritée en compagnie des deux adorables propriétaires qui m’offrent même une tasse gratuite, sous le regard d'un paisible chat.


À partir de la, la montée devient moins pentue puis je rejoins une piste plate, je n’ai jamais été aussi content de marcher sur une piste. Ce col est connu pour être tout le temps nuageux et il est aujourd’hui fidèle à ses habitudes.

Je profite d’un repas encore une fois bien mérité puis je redescends dans la vallée direction Junbesi, ou je m’arrête pour la nuit.

Il n’est même pas 15h mais je n’ai pas vraiment envie de grimper les 300m qui me séparent du prochain village, et du repos fera du bien. Étirements, douche froide au sot, méditation, lecture, repas à 18h, ça fait du bien !


J3 : Junbesi – Kharikola (24km, +1400 -2000)


On prend les mêmes et on recommence ! C’est montagnes russes et mauvais temps aujourd’hui.

Cette nuit m’a fait du bien et j’ai les jambes plus fraîches que la veille en partant pour les premiers 300m de montée.

Le plat qui suit est tout à fait agréable et je traverse quelques jolis villages accessibles uniquement à pied, et notamment Salung.

Je suis par la suite un peu déçu du temps car il est censé y avoir une belle vue sur l’Everest et d’autres sommets sur ce chemin, mais les nuages bas ne permettent pas ce réjouissement.


Je descends jusqu’à une rivière et remonte jusque Ringmu avant d’atteindre le col de Taksindu La. C’est le brouillard complet, on y voit pas à 3 mètres !

Une longue descente de 1500m m’attend et je décide de la couper en deux en mangeant à Nunthala. Entre temps, la pluie s’est levée, et je suis bien content de m’arrêter manger. Je rencontre à cette occasion Adrien, un parisien banquier qui vient de faire le Trek du base camp en une quinzaine de jour et se prépare à rentrer en bus.


La pluie à repris mais je dois repartir et les 800m qui me restent à descendre paraissent bien long, d’autant que la pluie a transformé les chemins en cours d’eau boueux et pierres glissantes. Je descends ainsi jusqu’à la vallée, la pluie s’arrête et le soleil revient mais il me reste encore plus de 500m à monter jusqu’à mon objectif du jour, Kharikola.


Je « rencontre » à la lodge 3 personnes assez âgées que j’imagine anglais ou écossais vu leur accent et leur façon grossière de parler (clichés !) , je tente 2-3 questions mais aucun retour donc ce sera chacun de son côté ce soir. La bonne nouvelle est qu’il y a du WiFi gratuit ! C’est encore douche froide ce soir car je suis trop radin pour payer les 2€ de la douche chaude (et puis quoi encore !), mais on est à 2000m et il fait donc assez bon, et ça réveille !


J4 : Kharikola 2035 – Chaurikharka (19km, +1400 -800)


Imaginez. Imaginez un chemin de randonnée dans l’himalaya, fait de terre et de pierres. Imaginez le ombragé, avec la pluie qui l’a trempé toute la nuit. Ce n’est plus de la terre mais de la bouillasse, les pierres sont trempées. Maintenant, imaginez ce chemin encombré telle l’autoroute A8 durant les vacances d’été mais avec des ânes (remarque, ça c’est pareil). Imaginez l’impact de ces centaines d’ane sur le sol, qui est maintenant un mélange de bouillasse, d’excrements et de pierres glissantes.


Bon voilà, vous y êtes. Pourtant encore une fois ça commençait pas trop mal, j’avais pas trop mal dormi malgré la pluie qui m’avait réveillé plusieurs fois, le soleil était là, la vue était jolie sur la vallée. Les anglais étaient en fait Californiens et allaient de Jiri à Lukla.

Le début de la journée est un plat de 2km mais par la suite, ça devient vraiment ingrat. Le chemin est complètement défoncé, il faut s’arrêter toutes les 10 minutes pour laisser passer les ânes, ou pire, il faut les doubler en courant à côté et en évitant qu’ils vous envoient une giclee de boue en passant. Je ne vous parle pas de l’odeur désagréable toute la journée ni des bruits des ânes qui se soulagent tout en marchant, encore moins des mouches qui du coup s’en donnent à cœur joie.

Les maîtres-ânes (on appelle ça comment ? ) ne sont pas en reste et ajoutent à l’ambiance en beuglant sur leurs bêtes toutes les 3 secondes.


Ça dure comme ça durant les 1000m de dénivelée positif jusqu’au col de Kharila, en traversant les petits villages de Bupsa puis Kharte, puis un « Nepali flat » emmène jusque Puiya où je décide de manger.


Je marche depuis près de 4h et je n’ai fait que 10km et plus ou moins 1100m de dénivelée, le terrain fait que j’avance comme une tortue et toute mon attention est accaparée par l’endroit ou je vais placer mon pied pour ne pas tomber ou m’enfoncer de 10cm dans la boue. Pour ne rien arranger, les nuages bas sont de retour et bouchent toute la vue.


C’est reparti pour un Nepali flat puis une montée jusqu'au « col » de Khumbi La (je ne sais pas pourquoi ils appellent ça un col, c’est juste le point le plus haut de la montagne qu’on franchit mais on reste à flanc de montagne) puis ça descend 500m jusque Surke dans les mêmes conditions. Bon sang, ou vont les 3000 roupies que les trekkeur payent pour rentrer dans ce parc ? En tout cas pas dans la rénovation des chemins, ce qui est triste car aucune route n’arrive jusque là et je ne prendrai ce chemin qu’une fois, alors que les locaux le prennent tous les jours.


Il n’est que 14h mais je suis épuisé mentalement et physiquement, je décide quand même de continuer car je n’ai pas beaucoup avancé. A partir de là, le chemin est bien meilleur (pourquoi ??) mais passé 30 minutes, des petites gouttes de pluie se font sentir. Très vite, elles se transforment en grosses gouttes puis en grêle, et me voici complètement trempé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire.

C’est une averse de grêle qui transforme le chemin en rivière en moins de 3 minutes, et je suis exactement entre 2 villages, sans arbre pour m’abriter, la belle affaire ! Ma veste technique résiste mais mon pantalon d’été laisse tout passer et bientôt la membrane gore TeX dees chaussures abandonne à son tour.


Je marche ainsi pendant 30 minutes puis tombe finalement sur l’entrée d’un village. Alléluia ! Mais passé 3-4 maisons, aucun hôtel en vue… c’est pas possible, d’habitude il y en a au moins 1 par trekkeur ! Je laisse donc ce village derrière moi puis arrivé à un autre ou il y a des lodges. Je ne ferai pas le difficile ce soir et prends l’un des premiers qui vient.


Enfin dans ma chambre et tout sec ! Mais je vois quelque chose qui me chiffonne sur un rideau…

Non, rien ne vous choque ?

Et la, vous voyez ?


Je change donc de chambre en me demandant quand diable ai-je pris un Stupa dans le mauvais sens, car cette journée ne peut avoir d’autre explication ! En tout cas cette première partie de Jiri jusque Lukla, ou arrivent les avions, ne présente que peu d’intérêt selon moi.


Au moment même où j’écris ces lignes, la dame de l’hôtel me dit de venir regarder la télé. Un avion s’est écrasé aujourd’hui à Lukla. 3 personnes ont péri.


J’ai choisi de venir par Jiri pour des raisons économiques, écologiques, mais aussi et surtout car Lukla est connu pour être un des aéroports les plus dangereux du monde à l’atterrissage. Sa piste est très courte et toute erreur se solde par une chute dans la montagne. J’ai vu Lukla pour la première fois de loin aujourd’hui, et je me suis demandé où ils pouvaient bien caser une piste tant ce village est en pente.

J'aurais pu être dans cet avion si j’avais fait un autre choix.


Enfin bref, je suis finalement assez content de ma journée et de mes petits problèmes, mon Dhal Bat aura un goût différent ce soir.


Petit bilan au moment d’aller me coucher : le haut parleur de mon téléphone ne fonctionne plus (il était pourtant dans la poché étanche de ma veste, je n’ai plus que l’oreille droite de mon écouteur qui marche, et mon sac de couchage est trempé (pourtant dans le sac protégé du sur sac et dans sa housse de protection…)


J5 : Chaurikharka 2550m – Phunki Thanga 3300m (24km, +1305)


Changement de décor aujourd’hui : j’arrive sur la partie principale du trek avec tous les groupes et trekkeurs qui arrivent directement à Lukla en avion. Il y a énormément de monde, c’est à peine croyable. Les transports par âne commencent à être remplacés par des yaks, plus forts et résistants à l'altitude et au froid.

Je passe la matinée à aller jusque Namche Bazar, la grande ville du coin. J'ai droit à une belle lumière au réveil et le départ est plaisant.

Le début est plutôt Nepali Flat, puis ça grimpe franchement quand on s'approche de Namche Bazar. Je ne croise pas une seule maison qui ne soit pas Lodge, restaurant ou magasin divers.


Le temps était beau au réveil mais des 11h, les nuages reviennent, c’est vraiment dommage !


L’apres midi est plus tranquille mais un épais brouillard empêche toute vue, j’espère vraiment que ça va s’arranger dans les prochains jours car les choses sérieuses commencent !

Je m’arrête à 16h à Phunki Thanga, tout petit village comptant 2 hôtels, dont l’un est plein. C’est la première fois que ça m’arrive. Les prix commencent à exploser : prix des chambres, de la nourriture, de la douche chaude (que je ne prends pas bien entendu), de la recharge du portable… le massif de l’Everest semble bien plus tourné business que celui de l’annapurna, car même dans les villages inaccessibles en Jeep les prix étaient bien plus bas.


Je rencontre un Tchèque de 71 ans, Jan Pobezal, qui est pour la 5eme fois ici. Il y a 5 ans, il a fait l’island peak (un 6000) ainsi que le trek des 3 Pass que je compte faire. Cette année, il voulait faire le Mera Peak (quasi 6500) tout seul mais le col pour y aller est fermé. Qu’à cela ne tienne, il compte redescendre à Lukla pour prendre un autre chemin ! Sacré gaillard…


J6 : Phunki Thanga 3300m – Chukhung 4730m (17km, +1430)


Bon les choses intéressantes commencent aujourd’hui ! La nuit a été assez mauvaise car mon ventre m’a forcé à me lever en plein milieu de la nuit, c’est la première fois du nepal. Et je me rends compte que j’ai oublié de prendre des immodiums, quel benêt ! S’il y a bien un médicament qui peut sauver en montagne c’est celui la. Je me rabats sur des Smectas pour le moment, mais, jour de chance, une australienne d’une famille rencontrée ici (avec des enfants à partir de 9 ans, chapeau !) me file carrément la moitié de sa plaquette d'immodium ! Avec ça, je vais pouvoir subvenir aux besoins de tous les trekkeurs dans le besoin et j'en ai assez pour le reste de mon voyage. Merci madame !


Je disais donc que les choses intéressantes commencent (enfin !) car d’une part, il fait super beau et, d’autre part, mon objectif du jour est Chukhung avec ses 4700m. La haute montagne et ses paysages arrivent !


Le début est plutôt sympa, avec une ascension de 500m jusque Tengboche, un magnifique endroit situé sur un plateau et abritant un monastère. La vue est magnifique et en plus, chose incroyable, il y a du réseau !

Je repars à travers un chemin en forêt et traverse successivement Pangboche, Shomare, puis Orsho ou je m’arrête manger. Entre temps, la vue sur le Ama Dablam et ses 6858m est magnifique.

L’altitude est de 4100m mais ça va, j’ai gardé l’acclimatation de l’annapurna.


La suite consiste en une montée de 600m sur 8km vers Chukhung, assez progressivement. L’altitude commence à se faire sentir et chaque pas devient plus lourd mais ça se passe plutôt bien et j’arrive tranquillement à 14h.

Je rencontre 2 allemandes qui ont fait l’island Peak la veille. Mon plan au départ était de le faire également mais le prix est vraiment trop élevé : il faut compter 500€ au bas mot et ce ne sont pas les guides qui coûtent cher : le permis est à 250$ et l’assurance du guide coûte le même prix. Quand je repense au Huayna Potosi qui nous avait coûte 270€ pour 2 tout compris avec le transport et le guide et la nourriture pour 3 jours, il y a vraiment un monde… Enfin bref c’est décidé, c’est trop cher pour ce que c’est, je reviendrai ici le faire par moi-même !


Je passe du coup la soirée avec elles et des indiens londoniens qui nous invitent à leur table à jouer aux cartes. L’une d’entrée elle a fait le chemin de Saint Jacques de compostelle en 5 mois avec son père qui a 71 ans, a parkinson et a eu un cancer 5 ans plus tôt… sacré gaillard également !


L’un des indiens a un instrument pour mesurer le taux d’oxygène : je suis à 82% oxygène, ce qui est plutôt pas mal à cette altitude, et surtout 55 de pouls, je ne me souviens pas avoir été aussi bas, et c’est plutôt bon signe aussi !


J7 : Chukhung 4730 - Chukhung-Ri 5546 (5.6km, +800m)


Levé à 5h30 pour espérer aller au Chukhung-ri voire au Chukhung avec ses 5800m, je me ravise vite : il a neigé cette nuit, au moins 5cm, tout est blanc, il y a du brouillard et on y voit pas à 2m…

Je passe donc la matinée à lire, somnoler à moitié dans mon lit et regarder Netflix. Vers midi il y a des éclaircies et J’en profite pour aller vers le Chukhung-ri.

Mais la météo ne va pas vraiment en s’améliorant et en arrivant là haut, ce n’est que brouillard et même la neige commence à tomber ! Le temps de prendre une photo et je redescends rapidement vers la chaleur du refuge.

J’ai parlé avec un guide américain qui m’a indiqué que la météo pour demain est à peu près comme aujourd’hui mais que le col (Komgma La et ses 5510m, le premier des trois) est largement faisable tant qu’il n’y à pas de grosse chute de neige ou de vent. C'est donc décidé, demain départ à 5h, avec les allemandes qui se joignent à moi.


J8 : Chukhung 4730m – Kongma-La Pass 5535m – Gorak Shep 5130m (14km, +800m)


Reveil a 4h15 aujourd’hui pour affronter le premier des trois cols, le Kongma La et ses 5535m. Je ne vois rien de la fenêtre de ma chambre car tout est complètement gelé, mais lorsque l’on sort sur le coup des 5h, quelle surprise !

La météo de l’américain était complètement à côté de la plaque , le ciel est pur comme du cristal ! Ça c’est pour la bonne nouvelle, la mauvaise est qu’il à neigé toute la nuit. Cela rend le paysage fabuleux mais ce sera beaucoup plus compliqué pour monter.


Assez rapidement, je me rends compte que ça ne va pas le faire avec les allemandes, sauf à attendre toutes les 5 minutes. Elles sont 2 et ont l’air expérimentées, une trace est visible, je les laisse donc derrière moi.


Le début de la montée est parfait : la lumière se lève petit à petit sur les montagnes, le chemin n’est pas trop compliqué et quelqu’un fait la trace que je n’ai qu’à suivre.

Je rencontre au bout d’une heure le propriétaire des traces et le double, maintenant le sale boulot est pour moi ! Il a pas mal neigé cette nuit et cette neige fraîche rend le chemin assez ardu, d’autant que le chemin justement n’est pas vraiment visible : quelques cairns sont visibles par ci par là mais je dois souvent m’arrête et scruter les alentours pour voir par où ça passe, aidé par mon portable.

Au bout de 3h, la fatigue commence à se faire sentir, et le soleil tape fort. A cette heure là, j’étais déjà au col de Thorung la sur le Trek des annapurnas alors qu’il y avait plus de dénivelé ! Mais la neige rend chaque pas difficile et le fait de ne pas voir le chemin tape sur le moral.


J’arrive au bout d’un moment sur un espèce de plateau mais je n’ai aucune idée d’où se trouve le col, je ne vois qu’un éboulis assez pentu à gravir. Sans neige cela doit se faire de façon assez commode mais avec ces conditions, chaque pas est compliqué d’autant que l’altitude se fait sentir.

J’arrive finalement au col à 9h30, soit après 4h30 de marche pour 5.5km et 800m de deniv, donc une moyenne de quasi 1km/h ! Je ne traîne pas au col car le soleil tape fort et il reste beaucoup de descente, et je ne vois aucun de mes co-trekkeurs depuis un bon moment.

La première partie est assez confortable, une descente pentue mais dans une neige bien moelleuse donc qui amortit. Par la suite ça devient un peu long, mais c’est surtout une fois arrivé dans la moraine de l’ancien glacier que ça devient dur pour les nerfs : il n’y a que 1.5km jusqu’au village et donc au burger qui m’y attend, mais c’est dans un éboulis sans chemin, avec quelques cairns par-ci par-la, et surtout ça ne fait que monter et descendre !


J’arrive au village de Lobuche à 11h30, ça fait plus de 7h que je marche pour parcourir 9.5km, je suis vraiment fatigué et je me demande même si je vais pouvoir tirer jusque Gorak Shep, dernier village avant le camp de base de l’Everest et objectif du jour.


J’ai des idées négatives dans la tête, je commence à douter sur ma réussite à enchaîner les 3 cols, il fait froid, j’ai besoin de repos, je rêve d’une douche chaude et d’un bon plat à Katmandou. J’ai du mal à me faire à l’idée qu’il y a encore 5 jours à passer à une altitude minimum de 4500m.


Je repars donc vers Gorak Shep où j'arrive vers 14h et cet après-midi de repos et de lecture me fait du bien.

Arrivee sur Gorak Shep


Je rencontre Alice et Stephane, 2 suisses de Lausanne qui sont bien cools ! Ils vont demain à priori au même village que moi, peut être se reverra-t-on.


J9 : Gorak Shep 5130m – Kala Patthar 5648m - Everest Base Camp 5300m - Dzonglha 4800m (23km, +800)


Quel froid cette nuit ! C’est la première fois que le froid m’empêche en partie de dormir, même avec mes habits dans le sac de couchage !


Le programme de la journée est assez chargé : d'abord monter au Kala Patthar, une montagne qui culmine à 5600m facilement accessible de Gorak Shep, puis se rendre au camp de base de L'Everest, et enfin retrousser chemin pour aller à Dzonghla, village qui sera le point de départ du deuxième col.


Je commence donc facilement avec le Kala Patthar, facilement car je n'ai qu'un sac minuscule, quel bonheur !

Montee vers le Kala Patthar a gauche et le Pumori en arriere plan


La vue au sommet est incroyable, avec le glacier et la vallée du Khumbu, l'Everest, le camp de base de l'Everest (EBC) au loin, et le Pumori à plus de 7000 de l'autre côté.

L'Everest

Le Khumbu Glacier et, sur sa gauche, le camp de base de l'Everest

Vue panoramique du Kala Patthar

Le Nuptse

Seule ombre au tableau, ces fichus hélicoptères de touristes venus à moindre effort admirer la vue. Toute la journée ça tourne : ils partent de Lukla ou Namche, font un tour au-dessus de l'EBC puis se posent un peu plus bas. Ainsi, ils contribuent encore plus au réchauffement climatique et à la fonte des glaciers qu'ils viennent admirer... Incompréhensible.

Puis direction ce qui est le but ultime pour la majorité des trekkeurs : le camp de base de l'Everest situé à 5250m et 4km de Gorak Shep. La vue dans le glacier pour s'y rendre est très jolie, et en arrivant la bas le lieu est plutôt calme, la plupart des candidats au plus haut sommet du monde s'entraînent sur quelques parois glaciers ou se reposent dans leur tente.

Je reviens vers Gorak Shep vers midi 30 et le temps de manger quelques Noodles, c'est parti pour Dzonghla, situé à 11km de Gorak Shep. Il faut descendre la vallée jusque Lobuche puis bifurquer à droite quelques kilomètres plus loin.

Le chemin est facile jusque Lobuche, puis c'est changement total d'ambiance, changement de decor et plus de touriste, d'autant que le brouillard, puis la neige, arrivent... Cela fait beaucoup plus hostile.

Arrivee a Dzonghla


Apres m'etre trompe 2 foi de chemin, c'est a 15h30 et sous une grosse neige que j'arrive a Dzonghla, dans une auberge authentique avec une vraie ambiance de refuge montagnard.

J10 :Dzonglha 4800m – Cho La Pass 5360m – Gokyo 4750m (12km, +700m)


Levé à 4h20, il fait froid, les guides dorment encore dans le salon. Je prends mon petit dejeuner a 5h puis decolle vers 5h20 avec encore une fois une magnifique lumiere.

Le sentier vers le col est top, magique, je double rapidement ceux partis avant moi et me retrouve donc seul, la lumiere est belle, la trace bien visible et la neige dure, cela n'a rien a voir avec le premier col ! Doucement le soleil se leve, les lumieres changent sans cesse, le spectcacle commence.

Une montee pentue est necessaire avant d'arriver sur un plateau neigeux et un glacier qu'il faut contourner sur la gauche

La fin necessite de mettre un peu les mains ce qui ajoute du piment, et c'est a 7h20 que j'arrive au col, seul, sans un bruit, quel bonheur. J'apercois ainsi la suite du programme, une grande descente vers une vallee qu'il faudra suivre jusque Dragnag.

Comme d’habitude, la descente est plus laborieuse, le début est ultra pentu mais la neige pas dure donc ça va, d'autant que j'ai des mini crampons.

Je croise des porteurs qui montent vers le col. Au Nepal, la plupart des sacs de touristes sont portes par des porteurs, plus rarement par des yaks ou des anes. Les porteurs attachent leur charge d'une facon bien particuliere, directement sur le front avec une laniere. La majorite d'entre eux sont charges comme des mules jusqu'a 50kg. En general deux gros sacs style The North Face etanches et un autre par dessus. Ils sont mal equipes, portent de toutes petites chaussures, bien sur sans crampons, quand ce ne sont pas des sandales.


/digression

Je ne cautionne absolument pas cette pratique, bien qu'elle soit largemrent répandue . En effet, la majorité des trekkeurs ont entre 20 et 45 ans, et sont donc en pleine forme. Cela rappelle pour moi une forme d'esclavage que de voir ces nepalais porter ces charges, sans aucune norme qui viendrait limiter le poids ou leur garantir un équipement décent, et derrière suivre tranquillement des jeunes de 30 ans avec un petit sac de 5kg sur le dos.


On me retorquera le paragraphe habituel sur le fait que cela fait marcher l'economie, fait vivre des familles, etc. Si vraiment c'est cet argument qui vous importe, et non pas de payer une misere pour rendre votre trek plus facile, cherchez des agences ethiques qui n'exploitent pas ces gens, et regardez bien l'etat de ces porteurs a 40 ans : genoux, dos, cervicales, ... Si vraiment vous souhaitez faire un geste pour les populations locales, passez par des guides locaux et non pas des agences, faites un don aux associations qui aident a la reconstruction des maisons et des infrastructures, qui financent des ecoles, des professeurs, des routes, etc.


Le Nepal a besoin de jeunes gens éduqués qui restent dans leur pays, d'ingenieurs, d'infrastructures, d'eau potable, mais pas de milliers de porteurs de sscs de touristes, en tout cas c'est mon avis. Si vraiment on ne peut physiquement pas porter ses affaires, par exemple pour des gens un peu âgés qui veulent réaliser leur rêve ou pour des personnes avec handicaps, il est possible de passer par des agences éthiques, qui limitent le poids par porteurs, ou bien prendre des yaks et anes. Les népalais et particulièrement les ethnies montagnardes (sherpas, Gurungs) sont des peuples fiers et les jeunes éprouvent de la fierté à porter des charges lourdes, mais ceci s'est transformé en business et exploitation.


/fin de la digression


On suit ensuite la valle jusque Dragnag.

Puis, le chemin jusque Gokyo ressemble à celui jusque Lobuche du premier col mais avec plus de neige et donc plus joli, il faut traverser une moraine d’un ancien glacier ce qui signifie encore enchainement de montée et descente sur des rocailles.

Mais ça se fait bien, j’ai des bonnes sensations et j’arrive à Gokyo vers 11h pour profiter d’un bon burger.

Je passe l'après midi à lire et à se reposer. Demain s’il fait beau, c’est le dernier col puis je retrouve des altitudes plus humaines !

J11 : Gokyo 4750 - Gokyo-Ri 5360m (4km, +/-600m)

Ce matin il fait un temps magnifique mais pas de col pour moi.

Je n’ai quasiment pas pu dormir de la nuit car j’ai un problème de respiration qui fait que dès que je m’endors, c’est comme si je n’avais pas assez d’oxygène dans les poumons, je suis obligé de prendre de profondes inspirations. J’ai du dormir 2-3h sur la fin mais cela m’inquiète, et surtout je suis terriblement frustré ne pas aller faire ce dernier col avec ce temps. J’ai peur de devoir redescendre et de ne pas finir le Trek !


Je ne comprends pas ce qu’il m’arrive, cela fait 5 jours que je suis au-dessus de 4700m sans aucun problème, je suis parfaitement acclimaté et jusqu’à présent je suis physiquement au top. Pour tirer cela au clair, je décide d’aller voir un docteur volontaire à Gokyo.


Bilan : tout va bien, je suis à 91% d’oxygène ce qui est excellent pour l’altitude, la respiration est OK, je lui ai parlé du pneumothorax que j’ai eu mais rien non plus de ce côté-là. Le médecin me dit qu’apparemment ça arrive parfois, c’est juste dû a l’altitude, même si on est acclimaté, et que cela empêche certaines personnes de dormir des nuits entières. Cela me rassure beaucoup, ainsi je vais pouvoir faire ce troisième col !


Pour profiter de la journée, je monte à Gokyo-Ri pour profiter de la vue du haut de ses 5300m.

J’ai du mal à monter mais c’est plutôt dû a la fatigue. La vue qui m'accompagne est plutôt du genre motivante, avec le lac de Gokyo quasi-entierement blanc contrastant avec le ciel d'un bleu profond.

La vue du sommet n'est pas en reste, bien que du brouillard empêche par moment d'y voir quelque chose.

Après la descente, je retrouve à l’auberge les 2 suisses que j’avais croisé 3 jours auparavant à Gorak Shep, ça fait plaisir de voir des têtes connues et de bavarder un peu. Sinon, comme hier, je passe l’après-midi à me reposer, lire, regarder des films… j’espère vraiment qu’il fera beau demain !

J12 : Gokyo 4750 – Renjo La Pass 5418 - Namche Bazar 3440 (29km, +650/-2000m)

Levé a 4h20, merci aux chinois qui m'ont réveillé a 3h pour aller faire leur lever de soleil au Gokyo-Ri (il faudra que j'écrive un paragraphe sur les chinois en voyage, tellement fidèles a leur réputation).

Je pars a 5h10, je suis le premier à partir, personne devant moi et les suivants partent assez longtemps après, je serai donc seul toute la montée. Le ciel est pur, la lumière progressive, c'est encore une fois un grand moment.

Le chemin est assez évident et la neige dure, il n'y a pas de difficulté particulière et je m'approche du col 2 heures après être parti. Je suis assez excité car c'est le dernier col, après je retourne à des altitudes plus clémentes !

Cependant je ne suis apparemment pas le premier, je distingue une forme au col sans savoir ce que c'est, en arrivant je découvre finalement que ce n'est rien moins qu'une tente !

Je découvre ainsi Allie Pepper et Vibeke Andrea Sefland qui se lèvent et se préparent tranquillement leur petit déjeuner après une nuit a 5400m. Elles me donnent gentiment une tasse de thé et je leur fournis des Oreos. Elles ont comme objectif de faire le Makalu et sont simplement en acclimatation ici ! Quelle belle rencontre et quelle chance de pouvoir échanger simplement avec elle.

Pour info, l'une d'entre elles a déjà trois 8000 à son actif dont l'Everest. Voici un lien vers leurs sites respectifs : http://www.alliepepper.com/ et https://www.mountainvibs.com/.


Après cette interlude, je commence une longue descente. Objectif : le plus loin possible, aller bas, loin du froid ! Je descends d'abord le col puis suis une vallée vraiment magnifique et sauvage, entourée de sommets enneigés.

En se retournant vers le col

Je poursuis et arrive sur la grande vallée du Bhote Koshi et j'arrive à Lungdhen à 9h20.

En descendant je rencontre une asiatique hallucinée de me voir arriver de Gokyo, je la comprends car elle est partie à 6h la veille et est arrivée au village à 17h ! Je poursuis la descente de la vallée qui offre des paysages sauvages, authentiques, en traversant plusieurs villages ou le mode de vie n'a pas trop été bouleversé par l'arrivée du tourisme.

J'arrive à 11h45 à Thame et mange avec des français qui commencent le Trek, tout le monde est en Tour du monde !

L’après midi est un peu plus dur et long jusque Namche, de plus je me fais une toute petite entorse, attention pour la suite à ne pas relacher ! Je traverse encore une multitude de village et arrive finalement à la "ville" Namche.

Douche chaude, petite lessive, du WiFi et de l'électricité gratuits, la civilisation !

J13 : Namche 3440 – Surke 2300m (20km, +200, -1100)

Réveil difficile ce matin, je suis fatigué de la veille et un peu ronchon ! Je laisse Namche derrière moi et rejoins le flot de touristes.

Première journée qui doit me ramener au bus, assez monotone, en gros du Nepali Flat pendant toute la journée. A ce sujet, je ne vous ai pas expliqué ce qu’était précisément le Nepali Flat. Puisqu’un dessin vaut mieux qu’un long discours, voici le programme de ma journée :


//une œuvre d'art sera bientot ajoutée ici


Donc en gros on se dit : chouette j’ai juste une longue descente à faire ! Sauf que non, le chemin sera plutôt comme ça :


//une seconde œuvre d'art sera bientot ajoutée ici


À cela il faut ajouter les ânes, qui sont de retour, et les touristes/groupes également de la partie.

Mais sinon c’est assez joli de suivre le cours de la rivière et de traverser les villages sous ce beau soleil.

Je m’arrête pour manger à 10h45, j'ai faim et mes jambes sont vraiment lourdes ! Un peu après être reparti, je bifurque direction Jiri/Salleri et la, changement total d’ambiance.


La plupart des gens (je dirais un bon 90%) prennent direction Lukla et son aéroport pour rejoindre Katmandou en une petite demi-heure. Du coup, plus de touristes, plus de groupes, plus de porteurs, ne restent que des trekkeur individuels ou des petits groupes de 2-3. Les villages redeviennent des lieux de vie. Je suis même content de voir les ânes, au moins il n’y a pas à slalomer entre eux et les groupes.


J’arrive au petit village de Surke, situé au bord d’une agréable rivière, à 13h30. Je suis seul dans la Lodge, les gérants ne ressemblent pas à des business mens, ça fait plaisir ! Aujourd’hui, c’est repos ! Au-dessus de moi passent les avions qui rejoignent Katmandou, je suis bien content d’être la ou je suis.

Le soir, je mange avec 2 israéliens et 2 allemands qui commence leur Trek. Nous ne sommes donc que 6, l’ambiance des jours précédents et des grands hôtels est lointaine. On discute et comme avec quasiment toutes les personnes que j’ai rencontrées, ils sont en Tour du monde ! Pour prolonger l’expérience népalaise, je goûte un alcool local, le chhyang, un saké sherpa mélangé avec du lait et qui se boit tiède. Bilan : ma foi, en discutant, ça passe !

J14 : Surke 2290 – Nunthala 2160 (24km, +1400) : la mémoire dans la peau

Aujourd’hui, ça va mieux ! Comme dirait François. J’ai bien fait de m’arrêter tôt hier car mes jambes sont de retour, ça va envoyer du steak !

Bon vous vous souvenez du troisième jour, les ânes, la boue les mouches tout ça ? Ben voilà, on y est ! Bon alors honnêtement aujourd’hui ça passe beaucoup mieux, déjà je suis en forme, en plus il n’a pas plu la veille donc quand même moins de boue, et je suis en fait assez content de ne voir « que » des ânes, de vrais randonneurs et des locaux, c’est quand même beaucoup plus paisible.

D’ailleurs en parlant de cette journée en ayant parlé avec des gens qui viennent de Jiri ou Salleri et donc qui sont passés par la, tout le monde s’en souvient, c’est vraiment une expérience qui marque !

La journée commence donc par une montée de 650m jusqu’au Pass de Chutok La (2945m) puis s’ensuit un long Nepali Flat passant par les petits villages de Paiya, Kharte puis Bupsa.

Euh il est où le chemin ?


On descend ensuite jusque Kharikola et ses 2000m, où je suis content de retrouver l’auberge ou j’avais passé ma troisième nuit, et où je m’arrête déjeuner. Il est déjà midi et j’ai marché 17km dans le bourbier que vous connaissez, je suis donc assez content de me reposer car il reste un bon bout.

La suite consiste à descendre à Jubhing puis à la rivière située à 1530m, puis remonter jusque Nunthala situé à 2330m, soit 800m de dénivelée en fin de journée ! Cette ascension sera vraiment ardue d’autant que je commence à sentir ma cheville que j’avais fragilisé il y a 2 jours, mais le lendemain il faudra monter jusque 3000m et je voulais absolument couper cette montée en 2 pour m’éviter une trop dure dernière journée.

J’arrive dans une auberge ou j’avais déjeuné à l’aller et qui me paraissait très bien.

J’y serai seul avec la gérante et la télé, qui restera allumée toute l’après midi et dès l’aube. Comme la veille, les gens passent une grosse partie de la journée devant la télé, j’imagine que ça a été un des plus gros changements dans leur vie des 10-15 dernières années, avec l’arrivée plus récemment du téléphone portable.

J15 : Nunthala 2160 - Taksindu La 3050 - Salleri 2400 (21km, +900/-650)

On y est, voici le dernier jour ! Assez fatigué de la veille, je m'élance vers les 900m de la dernière montée du trek, qui passe assez bien. Quel bonheur de se dire que ces mètres montés sont les derniers !


Arrivé en haut, je savoure l'instant et profite du temps Clément pour savourer un bon thé au soleil face à un Stupa tout repeint, les moines et autres peintres travaillent encore dessus.

S’ensuit une descente sur chemin puis sur une piste, un peu monotone mais ça me va bien. J’atteris pour le déjeuner dans une petite gargote ou je rencontre Pemba Sherpa. C'est assez agréable de discuter avec lui et son entourage, et de fil en aiguille il m'apprend que sa maison a été totalement dévastée par le séisme de 2015, et qu'il n'a pas assez d'argent pour finir la reconstruction.

Il était guide auparavant mais une chute puis la nécessité de rester auprès de ses enfants l'a obligé à arrêter ce travail. Le coin ou il a son restaurant n'est pas très passant car il n'y a que les gens passant par Salleri qui le traversent. Je comprends qu'il ne serait pas contre un peu d'argent de ma part. Je lui indique que je ne donnerai pas d'argent mais regarderai comment je peux l'aider par la suite. Malheureusement, mes recherches sur des associations d'aide à la reconstruction au Népal se sont pour le moment révélées infructueuses, car celles que j'ai repérées ne travaillent pas dans cette zone.


Cependant, il m'a également indiqué que l'école ou vont ses enfants est partiellement subventionnée par l'association suivante : learning Nepal, ils donnent 6000 Rp par an soit l'équivalent de 50€. J'ai cherché sur internet et n'ai trouvé que learn Népal, mais qui n'a pas l'air d'agir dans le secteur... Bon, à creuser !


La fin est tout ce qu'il y a de plus tranquille, on continue la piste jusque Paphlu (et son aéroport) puis finalement Salleri, dans laquelle j'arrive soulagé !

Comme quasiment toutes les villes nepalaises, c'est un entre deux entre un village et une ville qui a grandi trop vite, avec des bâtiments de 4-5 étages en béton sans âme, des commerces partout, des motos et jeeps qui passent à toutes heures, tout ceci sans grand charme.

J16 Épilogue : Salleri—Katmandou

En quelques chiffres : 200km, 14h dont 3h pour les 15 derniers km, 1 bus. Le jour le plus dur du trek en concurrence avec J0.


Épilogue de l'épilogue : et une gastro le lendemain pour fêter ça ! Le bus m'a tuer.