En arrivant au Paraguay, nous ne savions pas trop à quoi nous attendre. C’est un pays qui n’est pas encore touristique, peu de personne le visite, il existe très peu d'information touristique. Apparemment, aucun circuit n’est organisé, c’est un peu la galère pour se déplacer sans voiture car seuls les bus locaux desservent les endroits pratiques (et non les lieux qui se visitent)… Bref ! 

Ça nous a évidemment donné envie d'aller voir par nous-mêmes.


Nous prévoyons d'y rester tout au plus une petite semaine, le temps de rejoindre les chutes d'Iguazu et de visiter les ruines des missions jésuites (patrimoine mondial Unesco tout de même !).


En fait, ce pays est pour nous une excellente surprise ! L’authenticité sud-americaine telle qu'on la rêve! Les gens sont d'une gentillesse incroyable, souriants, aidants, ADORABLES ! Ils ne sont pas usés par le tourisme ce qui les rend curieux de notre mode de vie européen. Ils ne voient pas un $ inscrit sur le front des gringos comme ça peut être le cas au Pérou et de plus en plus en Bolivie, ce qui rend l’expérience humainement beaucoup plus riche.


Physiquement, le pays n'a rien de fou : pas de mer, pas de montagne, principalement forêt et rivières. Mais l’atmosphère qui y règne est un enchantement.

On s'y sent bien. 

Ce n’est pas un pays développé mais il ne paraît pas non plus pauvre. On trouve tout ce dont on a besoin à un prix très abordable car la TVA ici est trois fois inférieure à celle des pays voisins (dixit Blas). Par exemple une bouteille de Cabernet Sauvignon chilien coûte 3€ au Paraguay quand on la trouve à 10€ minimum au Chili. 


En aparté, bien que nous ayons au départ quelque peu sursauté à l’idée de mettre la bouteille de rouge au frigo pour la boire bien fraîche, ce vin s'est avéré excellent ! Il est rafraichissant, fruité tout en ayant du corps, un Cabernet sauvignon tout à fait original !


Le Paraguay compte d’importantes colonies allemandes du fait que ses terres ont longtemps été, après la seconde guerre mondiale, un lieu d'exil pour les nazis en Amérique du sud. Aujourd’hui, des descendants des colons allemands sont encore présents.


Ensorcelés par l'ambiance paraguayenne, nous nous laissons porter sans rien prévoir. Après déjà cinq jours à Asunción, la capitale, nous nous dirigeons vers les chutes d'Iguazu, à l’est. Il paraît que la région de Villarica est très jolie, naturelle, on y fait une halte pour randonner un peu. 


A l'hôtel de Villarica, il ne reste qu'une chambre car nous tombons pile le jour de l'Oktuberfest (fête de la bière allemande qui a lieu pendant une soirée tous les ans). Au bon endroit, au bon moment ! Julien est tout excité ! On se remémore ses prouesses de l'oktuberfest de l’année passée à Munich (les copains comprendront), obligés, on doit y aller !

Il pleut très très fort toute la journée, pas de rando pour nous et la soirée semble compromise. Mais à 21h, au moment de prendre le bus, le temps s’est calmé. Allez, on le tente quand même ! 

Il y a tellement de monde que le bus mettra 4h à faire une trentaine de km ! L'événement draine un nombre incroyable de personnes !

L’entrée n’est pas donnée mais la bière est muy barata (et rica !). Avec les trois scènes de musique et tous les stands de nourriture allemande, nous passons une très bonne soirée.


Vers 3h, nous voulons rentrer mais le bus ne part qu’à 7h, ça fait quand même long ! On va essayer de rentrer en stop. 

On longe la file de voitures en demandant à chaque chauffeur s’il y a une place pour nous jusque Villarica mais la plupart des gens ne rentrent qu'à quelques km. Finalement Paolo nous rattrape et fait le détour pour nous (40km !). Incroyable ! Il raconte qu’il a voyagé en Europe, il sait ce que c’est, il espère que nous ferons pareil en France ! Avec sa novia, ils sont adorables ! Lui parle un peu français et elle, est très curieuse de nous connaître. On discute super bien jusqu'à ce que l'on croise un barrage de police. Ils font des tests d'alcoolémie. Le jour de l'oktoberfest, c’était à prévoir mais ce que Paolo n’avait pas prévu en prenant le volant, c’est de faire ce détour pour nous. Au départ, ils n’allaient qu'à quelques km, dans la chambre d’hôtel qu'ils avaient exprès réservé pour ne pas avoir à prendre la route ce soir. 

Il souffle. Positif évidemment. De peu mais ça suffit pour prendre une amende de 800 000 guaranis (200€). Autant dire que pour ici, c’est énorme ! Il essaie de discuter, d’attendre… apparemment il est possible de payer moins en attendant longtemps et en glissant un billet directement le policier. Mais ce soir, ça ne marche pas. Après plus d’une heure, nous décidons de payer, nous en payons la moitié. La soirée finit par être bien salée ! Sa compagne (qui n'a pas bu) reprend le volant pour nous raccompagner quand même jusque Villarica mais l'ambiance dans la voiture n’est plus la même… Un grand merci à eux pour leur gentillesse que l'on rencontre rarement ailleurs qu'au Paraguay !


Nous reprenons la route le lendemain vers l’Est, nous arrivons à Ciudad del Este, à la triple frontière Paraguay/Brésil/Argentine. Il ne nous reste que quelques kilomètres pour atteindre Puerto Iguazu (côté Argentine) où Marie et Dario nous offriront hospitalité et moments de pure convivialité. A la gare routière, nous rencontrons deux françaises Alice et Alice avec qui nous partageons le taxi pour Puerto. Elles sont en quatrième année d'école d'ingénieur agronome et réalisent en ce moment leur stage à l'étranger : elles ont choisi un projet humanitaire au Paraguay pour installer un élevage de poules. Nous passons finalement la soirée ensemble et elles nous invitent à venir visiter leur ferme située au sud du Paraguay, proche des missions jésuites que nous envisageons justement d’aller voir. Parfait ! Rendez-vous dans quelques jours après la visite des chutes ! 


Dario habite dans le quartier barrio orquideas, juste à côté d’une mignonne petite rivière, en bordure de forêt. Il s’est construit une ravissante petite maison en bois qu’il ambiance chaleureusement de sa musique. Il est musicien, son domaine c’est les vents (clarinette, flutes, sax...). Il a même longtemps fabriqué des flutes en bambou qui sonnent divinement bien. Marie quant à elle est une expat’ française tombée amoureuse de Dario il y a maintenant 4 ans et qui n'est jamais rentrée de de son voyage en Amérique du sud. Elle est d’une énergie incroyable, toujours le sourire et partante pour essayer de nouvelles choses. En ce moment, elle se met au tissu, ce qui lui réussit plutôt très bien. La vie a fini par les éloigner, ils sont désormais séparés depuis quelques semaines mais nous ont, malgré ce contexte un peu difficile pour eux, accueillis les bras grands ouverts. Merci infiniment pour ces moments de partage, vous êtes deux très belles personnes.  


Les chutes d’Iguazu sont juste époustouflantes. Nous n'aurions jamais cru passer deux jours entiers à visiter des cascades sans s'ennuyer une seconde. Le côté brésilien comme le côté argentin sont magiques. Les rayons du soleil créent des arcs en ciel de tous les côtés, on ne sait plus où donner de la tête, nous avons adoré !!


Après la visite des chutes d’Iguazu, nous nous retrouvons de nouveau à Ciudad del Este, côté paraguayen. Nous nous dirigeons vers les missions jésuites à Encarnacion. Comme à l’aller, nous n’avons pas visité la ville, nous prévoyons un arrêt d’au moins une nuit. 

Il fait très chaud et nos sacs sont lourds. Après avoir pas mal marché, nos visages sont rouges, nous avons l’air fatigués. Nous cherchons une auberge pour passer la nuit. Le lac est très bien aménagé, ombragé, c’est très agréable de s’y balader. Beaucoup de paraguayens y pratiquent d’ailleurs leur sport.


Un quinquagénaire à vélo s’arrête à notre niveau. Il demande à Julien ce que l'on cherche et d’où l'on vient. Il voyage lui-même beaucoup, à moto avec sa femme, il pense que voyager à sac à dos doit être épuisant ! Il nous propose une chambre chez lui pour que l’on se repose un peu. « Ma femme adore rencontrer des voyageurs, elle va être ravie ! Venez voir, pis si ca vous va, restez et sinon je vous raccompagne à votre auberge avec ma voiture.. » Autant vous dire que nous n’hésitons pas une seconde ! 


Pendant cinq jours, Blas et Zuny nous ont accueillis comme des rois, logés, nourris, blanchis, une générosité incroyable ! Avocats tous les deux, ils tiennent également une entreprise d'import/revente de tissus d’ameublement et de décoration d’intérieur de voiture. Ils nous font visiter le magasin, le stock immense de tissu ! Nous sommes mercredi, c’est ce soir qu'a lieu la feria des producteurs locaux. Blas et Zuny se font une joie de nous faire goûter à toutes les spécialités culinaires du pays. C’est délicieux et l'ambiance est on ne peut plus typique, on adore !


Le lendemain soir, nous leur faisons découvrir à notre tour une spécialité française : crêpe Party !

Bon! Ils n'ont pas l'air de trop trop aimer mais ils sont polis. En tout cas, nous on se régale! Ça faisait longtemps ! Et Zuny semble contente d'apprendre à les faire !


Blas insiste pour que nous restions jusque la fin de semaine car le pays est magnifique. Il tient à nous faire visiter la campagne autour de la Colmena ou ils ont une résidence secondaire. Quelle chance de rencontrer des personnes aussi gentilles et enthousiastes à nous faire découvrir leur pays et leur culture ! « On apprend beaucoup plus en voyageant avec des locaux » nous répète-t-il plusieurs fois. Effectivement, c'est une expérience humaine inoubliable !


En attendant la fin de semaine, ils réorganisent tout leur emploi du temps pour nous faire visiter les alentours. Des chutes Monday au barrage Itapu (le plus puissant du monde !), en passant par une baignade à Salta crystal, ils nous conduisent partout en sirotant le fameux Terere.


Au Paraguay, le Terere est une institution ! Tous les paragayens se déplacent munis de leur matera souvent faite en cuir comprenant la guampa (tasse), la bombilla (paille en acier) et le termo d'eau glacée (thermos). C’est un véritable rituel dans le mode de vie guarani qui a lieu deux fois dans la journée (le matin vers 10h et l’après mi vers 16h). Pendant environ 45 minutes (une heure si le patron est sympa), c’est l’heure de la pause, une personne fait tourner la guampa contenant l'herbe à Terere qu’elle remplit d'eau glacée (dans laquelle infuse des herbes fraiches - les thermos sont généralement équipés d’un petit robinet). A tour de rôle, on boit l'eau grâce à la bombilla. Blas nous apprend le rituel : il ne faut pas dire merci car cela signifie que l'on n'en veut plus ensuite, la personne qui fait tourner le Terere ne nous redonnera pas la guampa.


Blas nous dégote trois vélos pour visiter un peu la ville. Les installations publiques sportives sont impressionnantes. Vers 17h, quand le soleil est moins fort, les terrains de foot, basket, tennis se remplissent, le lac se peuple de cyclistes et coureurs, très conviviale ! Nous faisons une pause au bord du lac. Blas nous explique qu'avant chaque repas il fait un discours de bénédicité, non pas tant pour la religion que pour instaurer une dynamique positive, pour fédérer la famille autour d’idées positives. Blas est une personne d’une bienveillance rare. C’est réellement une chance d'avoir croisé son chemin.


Vendredi, Blas et Zuny prépare la voiture pour partir à la Colmena. Camilla, l’une des filles de Zuny, vient aussi avec nous. La señora qui s’occupe de la maison prépare une grande glacière pendant que Blas charge la voiture. Discrètement, Julien me chuchote les yeux pétillants qu'il a aperçu deux motos tout terrain dans la benne du pick-up, il est aussi excité qu’un enfant ! 


En effet, une moto pour Blas et Zuny, une pour nous et le quad pour Camilla, une jolie façon des découvrir les terres rurales autour de la Colmena  Avec la lumière du couché de soleil les pistes sont magnifiques !


Le soir, nous avons le droit à une délicieuse parilla (viande de bœuf grillée) avec du bon vin chilien. Blas envoie Camila nous chercher un cadeau : notre propre guampa et sa bombilla à l'effigie de leur entreprise Dumbus (avec « Eco » devant car elle est rattachée a la maison de campagne). Un cadeau qui nous émeut beaucoup et nous va droit au cœur.


Nous passons la soirée à observer les étoiles que l'on compte par millier, le ciel est différent ici, nous découvrons de nouvelles constellations.


Le dimanche, nous reprenons notre route pour rejoindre la ferme des deux Alice et leur beau projet. Elles nous ont accueillis chaleureusement à coup de contrée et de bons petits plats Paraguayens. Nous resterons marqués (surtout Julien) par la quantité et la grosseur incroyables des insectes de la forêt ! Merci beaucoup aux filles et à la famille locale pour leur hospitalité et leur accueil.


Nous finissons notre découverte du Paraguay par la visite des missions jésuites et les couchés de soleil magiques sur le rio Parana à Encarnacion. 


Nous pensions rester tout au plus une semaine dans ce pays, finalement trois semaines se sont écoulées. C’est dans ce pays que nous avons finalement choisi de vivre la toute fin de notre aventure sud-américaine. Un pays où l'on se sent bien et où les gens sont d’une générosité incroyable.


Finalement, c’est bien lorsque l'on n'attend rien de particulier, lorsque l'on ne projette rien que la vie nous présente les plus belles rencontres, les plus belles expériences. Ne rien attendre, seulement être à l’écoute et toujours garder son cœur ouvert, c’est ce que l'on retient de cette aventure sud-américaine. Faire confiance à la vie !



Phi - 04/12/2018